C’est aux adolescents, nos élèves, auxquels je pense en écrivant ces lignes. Aux adolescents, filles et garçons, qui sentent confusément ou de manière absolument certaine qu’ils sont et seront homosexuels.
À quoi pouvaient penser ces jeunes filles et garçons en voyant et en écoutant, il y a quelques mois, des milliers de Français, avec, parmi eux peut-être, des parents qui ignorent tout de la sexualité de leurs propres enfants, défiler en hurlant leur opposition, pour beaucoup leur haine, au mariage pour tous, mais d’abord à l’homosexualité, cette « déviance« , cette « inversion« , cette « atteinte intolérable à l’ordre naturel de l’Humanité » ? N’étaient-ils pas, ces jeunes homosexuels, en droit d’avoir peur, tout simplement peur, face à ce déferlement d’intolérance ?
J’ai eu, j’ai des élèves homosexuels…
Devenu athée mais d’éducation traditionnellement catholique, baptisé, communié et confirmé, je peux concevoir les interrogations, les doutes, les interpellations de conscience. Je ne peux, en revanche, accepter les appels à l’ostracisation, à la stigmatisation, au rejet, à l’isolement, à l’enfermement, à la violence jusqu’au meurtre dans des caricatures abominables amenant certains à comparer les homosexuels à des singes. À des singes!
Alors, pour mes élèves homosexuels, avec tant d’autres je me suis battu à ma manière afin que leur droit à l’égalité de choix – celui de se marier ou pas, celui d’adopter ou pas – leur soit reconnu comme il l’est déjà dans de nombreux pays très catholiques comme l’Espagne et le Portugal.
Je pense à ces centaines, peut-être ces milliers de filles et garçons moqués, insultés, traités de PD, de tapettes, de fiottes, de gouines, de goudous, de lopettes, d’invertis, de tarlouzes. Le corpus dans ce domaine est d’une « richesse » infinie. Au XXIème siècle le triangle rose a disparu. Les mots sont restés. La honte aussi.
Pour mes élèves homosexuels, je me battrai – car les haines n’ont pas disparu; les agressions violentes en témoignent encore – afin que soit effacée cette honte qui n’a pas lieu d’être. Je me battrai au nom de traditions familiales chrétiennes – mais oui – qui m’ont permis d’être d’abord à l’écoute, d’être d’abord dans le partage, d’être d’abord dans l’amour des autres et du prochain, quelle que soit son orientation sexuelle.
Pour mes élèves homosexuels, je défendrai et appelle à défendre la dignité à laquelle ils ont droit. Pour tous mes élèves enfin, je me battrai pour construire une société civile tendant le plus possible vers l’égalité des droits et devoirs et vers la compréhension des uns entre les autres, hétérosexuels, homosexuels, trans et bi dont le point commun est d’AIMER…

Cet article a 1 commentaire
je découvre et le site et votre article. Je retrouve mes valeurs dans ce site (et dans votre article), alors je me dis qu’il ne va pas connaitre une grande popularité, mais qu’au fil du temps, l’énergie de ceux qui pensent en marge construira des territoires de plus en plus visibles et que la marge attirera un peu plus de monde. Sans doute pas assez mais les exclus ( par l’argent, la couleur, l’identité sexuelle…) pourront plus facilement trouver l’adresse et y vivre. Merci de continuer d’écrire en ce sens. Bien à vous. Pascal