C’est aujourd’hui, en Macronie, que les masques tombent. Gérard Collomb, ancien éléphant du PS, le premier poids lourd politique à avoir soutenu la démarche d’Emmanuel Macron, a choisi de faire alliance avec la droite la plus dure, celle de Laurent Wauquiez.
Lors d’une conférence de presse, le Gérard Collomb a annoncé ce jeudi cette alliance avec la droite. Au terme de l’accord, l’actuel maire de Lyon s’efface derrière le candidat Les Républicains (LR) François-Noël Buffet pour la stratégique présidence de la métropole lyonnaise.
« Aujourd’hui, nous voulons une union pour affronter la crise et permettre la reconstruction de Lyon – union dont nous espérons qu’elle s’élargira dans les jours qui viennent« , a déclaré Gérard Collomb.
Gérard Collomb retire sa candidature pour la présidence de la Métropole de Lyon et se range derrière le candidat LR François-Noël Buffet @fnb_officiel #Lyon #Elections2020 #MetropoleLyon pic.twitter.com/VRzB2UbW60
— Le Progrès Rhône (@leprogresrhone) May 28, 2020
L’accord a été conclu à la suite d’une rencontre ce mercredi avec Laurent Wauquiez
Quelle alliance étonnante et détonante pour celui est l’un des piliers de la majorité d’Emmanuel Macron. Il ne s’agit pas d’une alliance avec la droite modérée d’Edouard Philippe ou celle plus « sociale » d’un Darmanin. Gérard Collomb a choisi de pactiser avec cette droite dure, celle de Sens Commun qui manifeste contre le mariage pour tous et la PMA et cette droite ultra-libérale qui sabre les budgets sociaux. Ainsi l’une des premières mesures de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est la suppression d’un budget de 45 millions d’euros destiné à la formation des chômeurs de longue durée…
Certes les « marcheurs lyonnais » sont partis divisés et Gérard Collomb est en très mauvaise posture. Son candidat à Lyon est arrivé 3ème à 14,92% des voix loin derrière l’écologiste Grégory Doucet (EELV) à 28,46 %. Quasiment KO, ce résultat compromet ses chances de réélection à la tête de la métropole.
Et plutôt que de tirer les conséquences de ce désaveu électoral, Gérard Collomb choisit de s’en remettre aux bonnes grâces électorales de Laurent Wauquiez. Et de permettre à ce dernier de préserver ses chances de réélection à la région en 2021.
Au même moment, Agnès Buzyn, candidate LREM à Paris, continue de théoriser l’existence d’une « troisième force, celle du dépassement des clivages, qui doit prendre toute sa place ». Pourtant, sa tête de liste dans le 5ème Arrondissement de Paris a choisi de là aussi de faire alliance avec la droite LR et de fusionner les listes avec celles de Rachida Dati dans l’arrondissement.
On imagine le désarroi des militants et élus sincèrement convaincu par la démarche « progressiste » d’Emmanuel Macron. Et qui voit leur parti faire alliance avec la droite Sens Commun.
Comme l’écrit le député LREM de Paris, Hughes Renson, sur Twitter : « Ce n’est plus du dépassement, c’est du sauve-qui-peut. Et dans une formation politique qui se veut moderne et progressiste, ce n’est pas acceptable. »
À cette désastreuse séquence municipales s’ajoute l’émiettement de la majorité LREM à l’Assemblée nationale. Tout juste une semaine après la création du 9ième groupe parlementaire « Écologie, Démocratie, Solidarité » autour de l’écologiste et ex-Marcheur Matthieu Orphelin, c’est un groupe de centre droit qui va bientôt se créer à l’initiative de 17 députés LREM et Agir.
Tout se passe comme si avec les municipales et le crise sanitaire, l’illusion du dépassement et du « ni de gauche, ni de droite » se dissipait comme un mauvais brouillard. Et que le clivage gauche-droite reprenait ses droits.
Et à cette occasion, les électeurs découvrent la réalité de ce qu’est LREM et Emmanuel Macron. Un parti de centre-droit qui réalise naturellement ses alliances à droite.
Voici quelques réactions politiques postérieures à la rédaction de notre article vues sur Twitter, celles de Boris Vallaud ( Député PS) mais aussi les réactions indignées de plusieurs élus et responsables LREM, Pascal Durand (ex EELV, LREM), Stanislas Guerini (Député et Délégué Général LREM) et Thomas Rudigoz (Député LREM).
Il avait à choisir entre la défaite et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur, il aura aussi la défaite. https://t.co/TZ7GchHaDc
— Boris VALLAUD (@BorisVallaud) May 28, 2020
Je souhaite @gerardcollomb la plus lourde des défaites, de celle qui transformera son départ en déroute, jamais autant que ce soir je n’ai souhaité la victoire des ecologistes et de leurs alliés à Lyon @brunobernard_fr https://t.co/Xww7luwjhA
— Pascal DURAND (@PDurandOfficiel) May 28, 2020
Michel Noir disait il vaut mieux perdre une élection que perdre son âme
— Thomas Rudigoz (@trudigoz) May 28, 2020
Je demande qu'@enmarchefr @StanGuerini dénonce officiellemnt l'alliance @gerardcollomb @blanc_etienne @laurentwauquiez @SensCommun_ @LaManifPourTous
honteuse & contraire à nos valeurshttps://t.co/AHMUQmKbpA
En choisissant de s’allier avec Les Républicains, avec la bénédiction de Laurent Wauquiez, plutôt que d’œuvrer au rassemblement de notre famille politique, Gérard Collomb franchit une ligne rouge. Je ne peux l'accepter.
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) May 28, 2020
Nous ne troquerons jamais nos valeurs contre un mandat. pic.twitter.com/e8EeGkblfz